Les femmes continuent à payer le prix fort de plusieurs pratiques qu’elles subissent dans un monde conçu par et pour les hommes. « Femmes invisibles » de Caroline Criado Perez, journaliste et féministe britannique, est un véritable livre de combat contre les injustices faites aux femmes dans presque tous les secteurs de la vie sociale.
Il y a certes beaucoup de livres sur la femme, mais « Femmes invisibles » n’est point un livre de plus. Rien que des exemples pris dans le domaine du cinéma, des jeux vidéo, de l’histoire de l’humanité, du langage ou des règles de grammaire de nos diverses langues, de la médecine voire des objets d’usage de la vie de tous les jours, Caroline Criado Perez réussit à nous attirer dans son hameçon dès le début.
Les nombreux exemples qu’elle fournit, tirés de nos quotidiens, facilitent la compréhension de cet essai. La lecture de « Femmes invisibles », un livre bien fouillé et réfléchi, ne peut que nous grandir. En un seul livre, nous découvrons de multiples idées développées de part et d’autre sur les considérations sur la femme : le sexe faible, le deuxième sexe, etc. Ce livre est un tout.
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Cet ouvrage a été publié en février 2020 chez les éditions first en britannique.
La masculinisation du monde
Tout est masculin et les femmes vivent dans un monde conçu par et pour les hommes. La Renaissance (16e et 17e), les Lumières (18e) sont toutes considérées comme des époques ne prenant en compte que le masculin, déplore l’auteure. Car aucune de ces époques n’a apporté un véritable changement dans la situation de la femme bien vrai qu’elles prônaient plus de droit, de liberté.
Ce qui révolte l’auteure, c’est surtout cette masculinisation du monde. Ce réductionnisme, qui engendre une crise de « données genrées ». Cela dans tous les secteurs de la vie.
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L’auteure, en véritable chercheuse, ne manque pas d’exemples pour conquérir le cœur de ses lecteurs. La problématique du masculin générique n’échappe pas aux analyses de Caroline. Toutes les données avec lesquelles l’humanité travaille sont des contre-vérités, manipulées par des mains masculines.
Manipulation des données
« C’est le Big Data, les mégadonnées, qui sont à leur tour analysées par des méga-algorithmes pour trouver des méga-vérités, à l’aide de méga-ordinateurs. Mais quand vos mégadonnées sont corrompues par des méga-silences, les vérités que vous découvrez ne sont au mieux que des demi-vérités. Et souvent, en ce qui concerne les femmes, elles ne sont pas vraies du tout. Comme le disent les informaticiens eux-mêmes : “Données inexactes, résultats erronés” », explique Caroline Criado Perez dans « Femmes invisibles ». L’auteure analyse et critique le manque de « données genrées » sur la femme. À ses dires, ce manque de données n’est pas sans conséquence pour la femme. Il les met en danger.
« Le résultat de cette culture profondément dominée par les hommes est que l’expérience masculine et le point de vue masculin ont fini par être considérés comme universels, tandis que l’expérience féminine — c’est-à-dire le ressenti de la moitié de la population mondiale, malgré tout — est vue comme une sorte de simple créneau », indique-t-elle.
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